La Libération et les bombardements ont laissé de nombreuses traces à Caen. Mais la ville a bénéficié d’une reconstruction réussie et harmonieuse. On vous emmène avec nous sur les plus beaux sites de la Reconstruction…
Caen 1947- 1963, Renaissance d’une ville
Si la Reconstruction a d’abord été entreprise afin de réparer les destructions endurées par la ville, elle a été aussi l’occasion de repenser en profondeur la conception de celle-ci, de la rendre plus moderne, agréable, mais aussi confortable. On peut citer parmi les préoccupations de l’époque : améliorer l’hygiène, élargir la taille des rues, assurer la distribution d’eau courante.
C’est l’architecte–urbaniste Marc Brillaud de Laujardière nommé par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme qui sera chargé d’élaborer le plan de reconstruction et d’aménagement de Caen approuvé par le conseil municipal en 1947.
Les opérations vont commencer fin 1948 pour s’achever en 1963. Pendant toutes ces années le visage de Caen va se transformer en profondeur et dans une large mesure se moderniser tout en préservant les monuments anciens qui structurent la composition urbaine nouvelle.
La Reconstruction n’a pas négligé la qualité des matériaux employés, et l’utilisation de la pierre de Caen contribue largement à l’harmonie du projet, elle a également pris soin de son ornement en offrant aux habitants des éléments artistiques de grande valeur : bas-relief, ferronnerie, sculptures sont autant d’éléments remarquables.
Des bâtiments entièrement reconstruits
Rendez-vous au Nord du Château de Caen, dans le quartier du Jardin des Plantes, à l’Université. Inaugurée en 1957, elle symbolise la renaissance de la cité et est l’un des premiers bâtiments de la Reconstruction de Caen ! Il aura fallu plus de 9 ans pour rebâtir le campus selon les plans architecturaux d’Henry Bernard. Classée monument historique, l’Université de Caen attire plus de 30 000 étudiants. La statue de bronze de Louis Leygue est devenu l’emblème de la ville, elle représente le phénix qui renaît de ses cendres. Ne manquez pas de découvrir le Plan de Rome à l’échelle 1/400ème exposée à la Maison de la Recherche en Science Humaines.
Direction le quartier Saint-Jean en centre ville de Caen qui est le témoin privilégié de ces transformations. Particulièrement meurtri lors des bombardements, il offrira désormais un aspect résolument moderne. Place Saint-Jean, prenez le temps d’observer l’extérieur de l’Eglise Saint-Jean. Elle vous rappellera certainement un célèbre monument italien un peu penché. Ce n’est pas pour rien qu’elle est surnommée la Tour de Pise de Caen ! En 1944, le monument n’échappe pas aux attaques ennemies et durant sa reconstruction, des pieux en bétons sont rajoutés pour pouvoir stabiliser l’église, ainsi que de la Pierre de Caen. C’est d’ailleurs dans les carrières de Pierre de Caen que de nombreux habitants se sont réfugiés pendant les bombardements…
Parmi les bâtiments touchés par les bombardements, le théâtre de Caen aura été le dernier que la ville ait perdu. Il sera seulement reconstruit en 1955 avec une architecture plus moderne tout en conservant l’esprit des « théâtres à l’italienne », avec ses deux balcons en demi-cercle. Au printemps 1963, le théâtre accueille le Congrès National de la Reconstruction.
Des quartiers témoins du passé
L’Avenue du 6 Juin est au cœur de la ville de Caen. Véritable emblème de la Reconstruction, elle porte bien son nom. Construite pour dédoubler la rue Saint-Jean et fluidifier la circulation, l’Avenue du 6 Juin relie la gare à l’Université de Caen. Au milieu de l’avenue, arrêtez-vous sur la Place de la Résistance. Les 6 Tours Marines en Pierre de Caen, ont été construites entre 1951 et 1953. Hautes de 8 étages, elles rendent hommage à la Rue de la Marine, qui avait le même tracé que l’Avenue du 6 Juin. Ces tours à l’architecture moderne et aux bas-reliefs travaillés, annoncent l’entrée de la voie qui mène au Château et sur le quartier des Quatrans.
Eloignez-vous un peu du centre-ville pour arpenter les rues et les allées de la cité-jardin du Nice Caennais. Construit en 1930 sur d’anciennes pépinières pour une population aisée souhaitant s’éloigner de la ville, le quartier était alors entouré de grilles pour donner une impression de grand jardin sécurisé. Pour la petite histoire, on raconte que pendant l’Occupation, la seule victime civile connue dans le Nice Caennais a été le chat du n°31 dans l’une des villas réquisitionnées par les officiers allemands. Aujourd’hui, vous pouvez visiter ce quartier qui a laissé tomber ses grilles. Ne manquez pas à l’entrée, la Villa Héliante, un monument art déco créé en 1927 par un herboriste !
D’autres édifices de la Reconstruction plus monumentaux sont à eux seuls des ouvrages d’art tel le château d’eau de la Guérinière que l’on doit à Guillaume Gilet, ou encore l’église Saint-Julien signée Henry Bernard.
De nombreux artistes marqués par la bataille de Normandie parmi lesquels Yvonne Guégan en rendent compte dans leurs œuvres dont certaines sont visibles dans des équipements nouvellement créés.
L’architecture de la Reconstruction à Caen témoigne d’une volonté de repenser la ville au milieu du XXème siècle, elle offre au promeneur une multitude de points d’intérêts à découvrir notamment lors des visites guidées de l’office de tourisme. En 2021, la ville de Caen obtient le label « Patrimoine de la Reconstruction en Normandie« .
Autour de Caen
Hérouville Saint-Clair
Durant la Reconstruction en 1961, l’Etat décide de construire une nouvelle ville moderne, au Nord-Est de Caen. L’ancien village d’Hérouville devient alors Hérouville Saint-Clair. Elle permettait aux travailleurs de Caen d’être logés dans une ville totalement nouvelle. Cette « cité dortoir » est divisée en quartiers modernes autour d’un bâtiment comprenant la mairie et des commerces : la Citadelle Douce. Le château d’eau métallique d’Hérouville-Saint-Clair construit en 1968, a détenu le « Label Patrimoine du 20ème siècle » en 2007. Ce château d’eau illuminé la nuit domine Hérouville-Saint-Clair et représente un véritable symbole de ville nouvelle !
La SMN
Construite sur les communes de Colombelles et de Giberville, la Société Métallurgique de Normandie créée en 1912 est un témoin important de la Reconstruction de Caen. Après avoir vécu la Première et la Seconde Guerre Mondiale, la filière a connu une véritable renaissance et créé de nombreux emplois. L’usine employait plus de 6000 personnes logées en partie dans la cité ouvrière située sur « Le Plateau » à proximité de l’usine. Des visites commentées sont proposées par les membres de l’association Mémoire et Patrimoine SMN pour y découvrir l’ancien atelier électrique, les postes de gardes, le réfrigérant ainsi que l’histoire de cet exemple remarquable de cité ouvrière.